Publication de Jean-Guy Paradis (15 novembre)
Homélie de la parabole des Talents (Mt 25, 14-30)
Nous sommes au chapitre 25 de saint Matthieu, suite à l’événement des 10 vierges et leurs lampes (cf. dimanche dernier), juste avant les derniers événements qui inaugurent la montée au Golgotha.
D’entrée de jeu, c’est un appel clair contre le conservatisme, un oui à la créativité, un non à la foi enterrée dans le conformisme pour éviter les problèmes ou le risque de sortir des schémas défendre son bien-être ou le risque de sortir des schémas en place.
Voyons :
1. Le talent
2. La responsabilité vécue par les 2e versus le 3e serviteurs
3. La peur versus Dieu fait confiance
La conclusion : La Pandémie et notre tâche…
Le talent…
D’entrée de jeu, il ne s’agit pas de talents reçus comme des habilités manuelles, artistiques, etc., que l’on doit développer, bien sûr, mais surtout que l’on doit les faire fructifier pour en faire profiter les autres (nous aurons à en rendre compte).
Mais ici, Jésus parle à l’homme avec des mots d’homme. Les esprits financiers, tout comme les autres, comprendront vite.
Dans la parabole d’aujourd’hui, les talents sont une unité financière.
Vous vous souviendrez de l’épisode de où le propriétaire avait convenu d’un denier pour une journée de travail – de quoi faire vivre une famille par jour – (cf. Mt 20, 2.9.10.13) .
Or un talent équivaut à 10 000 deniers (multipliés par 5 pour le premier) soit 30 000 jours de travail. Dernièrement, un kilo d’or se vendait à 51 913 $ cad, ce qui signifie que le 1er qui a fait fructifié à 100% équivaut à 1 342 470 $, une somme énorme, une confiance énorme également.
Une image qui s’appliquera à la Parole de Dieu dont nous sommes porteurs car choisis de par notre baptême pour en être les diffuseurs.
Responsabilité vécue par les 2 premiers versus le 3e serviteurs
Nous reconnaissons-nous dans l’empressement du maître et des 2 premiers serviteurs?
D’une part, la confiance du maître : confier de telles sommes à ces vases d’argile que nous sommes, selon ce que dit saint Paul. Comme elle a l’éclat du verre, dit le poète, elle en a la fragilité.
D’autre part, le risque du serviteur : la vision qu’il a de son maître; de Dieu, en définitive.
Cette parole nous fait comprendre qu’il est important d’avoir une idée vraie de Dieu. Nous ne devons pas penser qu’il est un maître dur et sévère qui veut nous punir. Si nous avons cette image erronée de Dieu, notre vie ne pourra pas être féconde… elle ne mènera à rien de constructif, nous dit le pape François.
Le don de crainte de Dieu? Ce don de l’Esprit, reçu à la confirmation, est fréquemment mal compris, car ce don de l’Esprit est un cadeau(!) qui nous invite à agir dans le respect et l’amour.
« Or, Jésus nous a montré que Dieu est un père plein d’amour, de tendresse, de bonté. Aussi, pouvons-nous avoir une immense confiance en Lui » dit encore le pape François.
D’où la nécessité de ne pas enterrer la vie. Non à une foi enterrée dans un conformisme paralysant qui évite les problèmes, prisonnière des schémas, et qui défend son bien-être.
La peur versus la confiance en Dieu
Au sujet de la peur, le pape François dit qu’elle immobilise et fait souvent accomplir de mauvais choix. Elle décourage de prendre des initiatives, pousse à se réfugier dans des solutions sûres, et on finit par ne rien réaliser de bon. Pour avancer et grandir dans la vie… il faut avoir confiance.
Le 3e serviteur, à l’opposé des deux premiers, est dominé par la peur au lieu de voir en Dieu un père qui jugera d’après les capacités de chacun. Il ne connait pas la responsabilité, la fidélité active et créative.
La sentence tombe : «enlevez-lui-même ce qu’il a». La malédiction le frappe, versus le «Entre dans la joie de ton maître» adressé aux deux premiers serviteurs!
La parabole se prête à plusieurs lectures.
Un conservatisme sûr démontre qu’il n’a rien compris, qu’il n’est pas motivé par l’amour – il a peur!
Il ne connaît pas la responsabilité, la fidélité active, la créativité, le risque, à l’exemple de Jésus.
La peur de courir des risques fait que certains se contentent d’être des observateurs pieux, victimes d’une vie stérile et stérile.
Conclusion : Notre tâche et… la pandémie dans tout ça?
Si, d’une part, chacun(e) doit développer ses talents selon les circonstances de ce que les étapes de notre vie nous en donnent l’occasion (on dit que l’on ne développe qu’un faible 10% de nos talents car la vie est courte et les circonstances limitées), d’autre part, nous sommes des êtres sociaux. Notre tâche n’est pas de conserver mais d’en faire bénéficier les autres.
Il en est de même pour la société qui n’a pas à se convertir en monument du passé mais à répondre aux appels des temps nouveaux.
Il en est de même pour l’ÉGLISE. Sa tâche est d’être à l’écoute des besoins de ses fidèles incarnés dans un monde en mouvance, mais toujours à l’écoute de l’Esprit. Sa tâche n’est pas la résignation, la conformité, la fidélité au passé. Mais, fidèle à s’alimenter constamment à l’espérance de son Seigneur, être capable d’audace, de recherche créative, de capacité du risque.
Et la PANDÉMIE… DANS TOUT ÇA ?
Les occasions ne manquent pas pour mettre en action les dons reçus à notre confirmation.
Il ne faudrait pas passer une journée sans soutenir les autres, par un coup de téléphone, etc., pour s’enquérir, surtout chez les personnes plus vulnérables, de comment se vivent les restrictions… et de comment est le moral, etc.
Alors, le Seigneur nous dira : « Entre dans la joie de ton maître ». Amen.
Jean-Guy Paradis +
Prière de conclusion
Seigneur, tu es parti en voyage et tu tardes à revenir.
Tu m’as confié ton Royaume et des talents pour que je puisse les faire fructifier.
Me voici, Seigneur, avec les fruits de ma vie :
- Le courage de prendre position au nom de ma foi, de ne pas mettre sous le boisseau mon attachement à toi;
- Le courage d’ouvrir les yeux sur les injustices et de m’engager à les combattre au risque de perdre ma tranquilité;
- Le courage de participer activement à la vie de ma communauté d’Église et à ses efforts pour mieux réaliser la mission que tu lui as confiée de faire grandir ton royaume.
Voici, Seigneur, les fruits de mes talents, des dons qui viennent de toi.
Ton amour les a fait mûrir.
Viens me redire : « Entre dans la joie de ton maître. » (Mat. 25,21)
Amen.
Pour écouter la parabole : https://www.theobule.org/video/la-parabole-des-talents-mt-25-14-30/340.